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États-généraux de l’alimentation « Objectif atteint », selon Serge Papin

© Cédric Faimali/GFA

Invité sur BFM TV ce vendredi 22 décembre 2017, le patron de Système U assure que le premier chapitre des États-généraux de l’alimentation (EGA) a permis de relever le challenge de l’amélioration du revenu des agriculteurs.

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Ce vendredi matin, 22 décembre 2017, sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin, Serge Papin n’a pas sourcillé. Il clame haut et fort que le premier chapitre des États-généraux de l’alimentation, celui qui repose sur l’amélioration du revenu des agriculteurs, s’est clôturé hier sur une victoire. « On inverse le dispositif contractuel, explique-t-il. Aujourd’hui, les prix dépendent de la relation entre le distributeur et le transformateur. Demain, c’est la matière première agricole qui sera à la base du contrat. » Autrement dit, le prix payé par le consommateur sera au départ fixé à la production.

L’exemple du lait

Serge Papin éclaire ses propos avec l’exemple du prix du litre de lait. « L’interprofession, à partir d’indicateurs de prix de production, va déterminer le prix à payer au producteur », détaille-t-il avant d’être coupé par le journaliste, inquiet des répercussions sur le porte-monnaie du consommateur. Mal à l’aise, le patron de Système U acquiesce : « Évidemment, il y aura une légère hausse. »

Et Serge Papin poursuit sur le sujet de la viande : « On paye le bœuf 4,50 €/kg de carcasse, pour les pièces des sujets “cœur de gamme”, charolaises, limousines, blonde d’Aquitaine… Alors que le prix coûtant est de 3,50 €/kg. Pourquoi ? Sauver l’élevage. C’est 3 centimes de plus sur un steak de 150 g. Est-ce que vous pensez que ça ne vaut pas le coup de payer ces 3 centimes ? » Mais la hausse des prix n’est pas inévitable. Le sourire renaît sur le visage du patron de Système U lorsqu’il rappelle l’existence du dispositif de seuil de revente à perte.

Faire cesser le « dumping »

Selon Serge Papin, le dispositif de seuil de rente à perte fait cesser « cette règle infernale qui fait que les produits les plus connus, ceux de la publicité, sont vendus par les distributeurs à prix coûtant, tandis que leur compensation se répercute sur les produits agricoles. » Le sujet semble passionner Jean-Jacques Bourdin, qui se met à hurler dans son micro : « On va prendre un exemple ! Nutella. Un pot, 400 g, 2,40 €. Le distributeur prend 8 centimes de marge. Un kilogramme de pommes, 2,40 €. Le distributeur prend 80 centimes ! lance, l’air grave, le présentateur. C’est le kilogramme de pommes qui paie le marketing ? »

Pour Serge Papin qui ne peut nier ces dires, « ce n’est pas normal, c’est inéquitable ». Il admet que, « oui, les produits des grandes marques vont augmenter un peu, mais par compensation, d’autres vont baisser, ou seront payés au juste prix. » Pour reprendre l’histoire du pot de Nutella, cela signifie que le distributeur ne pourra pas proposer un prix inférieur à celui d’achat. « Il y aura une meilleure équité, » défend Serge Papin. « Je sais que vous l’avez toujours défendue, souligne Jean-Jacques Bourdin. Mais tout le monde n’est pas d’accord dans la grande distribution. »

Encadrer les promotions

Interrogé sur les prix abusivement bas de certaines denrées en périodes promotionnelles, Serge Papin assure que tout sera fait pour « éviter de voir des prix abusivement bas ». Désormais, il ne sera pas possible d’excéder un tiers, soit pour deux produits achetés, un gratuit. « Il y a des choses incompréhensibles, comme le poulet à moins de 2 €, poursuit Serge Papin. C’est moins cher que de la nourriture pour animaux. Ces prix sont abusivement bas, irrespectueux de la rémunération de l’agriculteur. »

Tandis qu’Édouard Philippe rappelait la veille que « ceux qui sont engagés dans la charte et ont un comportement contraire seront rappelés à l’ordre », Serge Papin assure que tous les distributeurs, même les plus récalcitrants, respecteront leurs engagements. « Je pense que les choses vont rentrer dans l’ordre. »

h.chaligne Hélène Chaligne Journaliste web HeleneChaligne

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